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Date de création : 25.02.2012
Dernière mise à jour :
29.02.2012
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cadavre sans gland ou le mystère de la voûte d'Ainay
résumé
Un homme est retrouvé poignardé et émasculé sous la voûte d’Ainay. Rien ne permet d’identifier cet individu, mais la chance vient au secours des enquêteurs. En fait, cet homme était un commercial d’un célèbre laboratoire de produits anesthésiants. Malgré ses émoluments élevés, ce garçon s’adonnait à plusieurs activités fort lucratives telles que le trafic de drogue, de monnaies et de blanchiment d’argent. Une nouvelle fois, le commissaire Castagne et l’inspecteur Acquois devront démêler cet écheveau et parcourir de nombreuses régions de France. De plus, la politique ne sera pas étrangère à cette affaire rendant ainsi la tâche des enquêteurs un peu plus ardue.
Chapitre 1
Les femmes et les enfants sont une aristocratie de grâce et de charme.
Jules Michelet
vendredi 4 novembre 2011
Quelques jeunes gens rentrent de « boîte de nuit ». Ils passent sous la voûte pour rejoindre la rue Vaubecour. Il est quasi six heures trente, la boulangerie d’Ainay va ouvrir ; ils pourront acheter quelques viennoiseries.
Sous la voûte, un homme est étendu à même le sol. Son corps est simplement recouvert d’une couverture légère. Nous sommes au mois de novembre ; le temps est particulièrement clément. Les jeunes garçons ne sont nullement étonnés par la présence de cet individu ; de nombreux « clochards » dorment ici.
Un peu plus tard, un retraité emmène son chien au bord de Saône pour faire sa promenade quotidienne. Il ne prête nullement attention à l’homme étendu sous la voûte. Pourtant, le canidé s’attarde sur ce corps allongé. Ne souhaitant pas perturber le sommeil de cet homme, le retraité appelle son ami canin ; le brave toutou n’obtempère pas. Jules s’approche du corps étendu. Le jour commence à poindre ; malgré le peu de clarté, Jules aperçoit une trace de sang sur le trottoir. Le vieil homme se penche au-dessus du corps inerte et pose son doigt sur le cou de l’individu ; ce dernier n’a aucune réaction.
Dans sa vie, Jules commit quelques actes délictueux ; rien de très méchant. Il avait eu la mauvaise idée de frapper un individu qui tournait autour de son épouse. Le coureur de jupons s’était ramassé une kyrielle de coups de poing ayant provoqué quelques ecchymoses et l’éclatement de l’arcade sourcilière gauche justifiant quelques points de suture ; ceux-ci valurent à Jules quelques mois de « cabane ». Le retraité n’est guère enclin à appeler la police ; il doit assumer ses responsabilités. Il prend son portable et compose le 17.
Moins d’un quart d’heure plus tard, une voiture de police arrive sur les lieux, sans sirène, ni gyrophare. Il est important de le signaler ! D’ordinaire, les poulets affectionnent l’ostentatoire.
Deux policiers descendent de leur « charrette », s’approchent du corps et constatent le décès de « l’allongé ». Celui-ci n’est déjà plus sous la voûte d’Ainay, mais plutôt sous la voûte céleste accomplissant son dernier voyage pour le paradis ou l’enfer selon les affinités ; un aller simple pour l’au-delà.
En moins d’une heure, c’est l’effervescence dans le quartier. Les flics établissent un périmètre de sécurité ! Les badauds ne doivent pas perturber le travail de ces hommes et de ces femmes. Aujourd’hui, la police n’est plus réservée aux hommes ; quelques éléments féminins composent cette institution détestée parfois, mais tout à fait utile dans une démocratie. Les femmes évoluant dans la police sont blondes, pour être à la hauteur de leurs homologues masculins.
Vous l’aurez certainement remarqué ! Un homme vivant n’attire jamais l’attention et ne mobilise pas les foules. En revanche, un individu mort est entouré par une kyrielle de gens ; ces derniers sont souvent concernés, d’autres sont des cons cernés ou encore des consternés, des contentés, des cons tentés, des cons patentés. Certaines femmes flics ont le con cerné pour s’être masturbé pendant la nuit. En attendant de constater ; on peut toujours se tâter le con.
Toutes ces personnes seront-elles utiles à la découverte de la vérité ? Leur présence est-elle indispensable ?
Cela me fait penser au « grand Lyon ». Dans cet immeuble, nous rencontrons une foule de gens avec un dossier sous le bras, une main posée sur le dossier de la chaise ou sur la croupe d’une secrétaire. Les dossiers de chaises sont très consultés ; certaines restent de bois. Avec la prolifération des nouveaux matériaux, certains sièges et les « meufs » assises dessus ont une belle plastique. En fait, c’est une immense ruche dans laquelle les abeilles sont stériles. Il a raison notre président de vouloir supprimer un fonctionnaire sur deux ; il pourrait même passer à quatre sur cinq, cela n’aurait aucune incidence sur la bonne marche du pays. Nous n’allons pas commencer à critiquer les fonctionnaires ; d’après une étude de l’INSEE, vingt pour cent de ces gens travaillent. L’année prochaine, si les « soces » arrivent au pouvoir, ces blaireaux s’empresseront de fabriquer des « branleurs » professionnels et redorer le blason de ces parasites. Ou trouveront-ils l’argent pour assurer les émoluments de ces bouches inutiles ? Certaines pourraient aspirer à un avenir meilleur en suçant un chef de service. Une petite gâterie çà ne mange pas de pain et permet parfois de faire avancer le schmilblick plus rapidement. Les capacités intellectuelles ne font pas tout. Pour cette raison, les chefs de service préfèrent souvent les secrétaires trilingues ; c’est tellement plus agréable pour les fellations. Il serait sans doute subjectif de présenter la femme tel un objet sexuel ; certes ! C’est un fantasme de l’homme. Heureusement, depuis quelques lustres, les femmes acquirent leurs lettres de noblesse. Elles sont désormais capables d’exercer les plus hautes fonctions sans subir la loi des hommes. Ces derniers se sentent mis sous l’éteignoir. Quelque part, ce n’est que justice.
Pour en revenir à notre mort ! Dans la matinée, le corps est transporté au centre médico-légal pour y être autopsié. Les premières constatations du légiste sont claires. Pour Sacha Recutt, cet homme est mort assassiné de plusieurs coups de couteau ; la rigidité cadavérique n’ayant pas accompli son œuvre, il est en mesure de l’affirmer ! Cet homme est mort depuis moins de trois heures.
Peu à peu, le quartier d’Ainay retrouve son calme. À treize heures, les journaux télévisés locaux battront des records d’audience. Un journaliste, tantinet « fouille-merde » sortira une information de derrière les fagots ; (un scoop pour employer le jargon du milieu), un mot sorti de son contexte et permettant au citoyen lambda d’échafauder un plan de merde laissant la porte ouverte à toutes les fenêtres. Ce sera un motif supplémentaire pour agrémenter la veillée et fera causer dans les chaumières. Pour l’instant, l’identité de cet homme n’est pas connue ; chacun s’interroge ! C’est logique.
Je suis informé de ce fait divers ! Résidant non loin du lieu de la découverte du corps, je le subodore ! Aubert Gine, mon directeur va me refiler l’enquête. D’ailleurs, ce matin, Aubert était présent à Ainay. Il rentrait d’une nuit passée au domicile du procureur Hans de Panier. Une fois par mois, ces gens se réunissent pour jouer au tarot, bâfrer quelques louches de saumon et vider quelques jéroboams de champagne Milet-Zimmé. Chaque semaine, ils vont rendre visite à leur médecin pour faire tester leur taux de cholestérol. Le praticien prescrit quelques boîtes de statines ; le taux de cholestérol ne baissera pas, le praticien aura l’impression d’avoir accompli une bonne action ; il engrangera des points supplémentaires pour bénéficier du voyage à Saint-Domingue offert par le laboratoire Kolh & Sthéroll distribuant ce produit nocif aux innombrables effets secondaires. Le trou de la sécu déjà profond deviendra abyssal.
Quelquefois, cette partie de tarot se tient au domicile d’un célibataire, juge d’instruction. En effet, Adelin Thuission possède un bel appartement sur les pentes de la Croix-Rousse. Inutile de préciser ! Ces soirs-là, les épouses légitimes ne sont pas invitées. Elles sont remplacées au pied levé par de la main-d’œuvre intérimaire, quelques « chaudasses » glanées çà et là par des rabatteurs professionnels. Lors de ces soirées, le seul objectif est de mener le petit au bout, au bout de la nuit, de l’ennui, du petit jour, en compagnie de belles-de-nuit ; elles seront moins belles au petit jour. Certes ! Elles auront dépensé autant d’énergie qu’un fonctionnaire la veille de Noël, mais le coup de « karcher » du matin ôtera le maquillage et les stigmates de la nuit apparaîtront sous la lumière blafarde du jour naissant. Chacun rentrera chez soi, les burnes allégées, les portefeuilles aussi. Les femmes repartiront avec quelques billets de cent euros. Petit à petit, elles se feront un petit pécule pour se faire installer de faux seins en silicone carné par un plastichien à sa mémère.
J’entre dans le bureau du directeur ! Aubert va me servir une soupe maintes fois réchauffée et parfaitement indigeste ; depuis près de vingt ans, j’absorbe ce potage pourri ! Depuis le temps, je me suis fait une raison !
— Mon cher Castagne ! Ce matin, un homme fut découvert mort assassiné sous la voûte d’Ainay. Vous devez le savoir ; vous résidez à deux pas. Avec Hans, nous pensions vous confier cette enquête ! Mon initiative vous sied-elle ?
— Je suis très étonné ! Aubert Gine prend une initiative ! C’est un scoop.
D’autre part, le terme « confier » ne me plaît guère ; je préférerais le mot « imposer » ; celui-ci conviendrait mieux à la situation. Un subalterne pourrait être un adjoint ; pour vous, je suis un être taillable et corvéable à merci. Vous êtes mon supérieur hiérarchique… je devrais m’écraser et obtempérer. Par ailleurs, je devrais me réjouir ! Une enquête près de chez moi pourrait être « sympa ». Votre homme mort : sait-on d’où il vient ? Les premières constatations sont claires ! Ce garçon n’est pas mort sous la voûte ; il y fut transporté après son décès. Cette information change complètement la donne !
— Soit ! La famille de ce garçon se manifestera un jour ou l’autre. Ce garçon paraissait vêtu correctement. Hans de Panier me téléphona pour me donner l’information ! Je me rendis aussitôt sur place.
— Non ! Vous étiez déjà sur place. Cette nuance ne change rien au problème ; néanmoins, elle existe. Hans de Panier réside sur le quai Maréchal-Joffre, vous passâtes la soirée chez lui en compagnie de quelques amis. Hier soir, en rentrant chez moi, je rencontrais Amélie, votre épouse. Elle venait d’acheter des fleurs rue Vaubecour ; nous conversâmes un instant. Tout compte fait, un brin de causette avec votre épouse est beaucoup plus enrichissant qu’avec vous ! Elle parle simplement avec sa légendaire gentillesse ; quelle différence ! Votre discours au style ampoulé est parfaitement obsolète ; vous seriez moins fat, vous pourriez être un interlocuteur intéressant.
— Amélie ne m’a pas parlé de votre rencontre.
— Les femmes ont le droit d’avoir un « jardin secret » ! Elles y cultivent des plantes inconnues pour l’homme et vont parfois s’y réfugier pour avoir le sentiment d’exister. Si les femmes disaient tout à leur mari ! Où serait le piment de la vie ? Ces petites montées d’adrénaline anodines et parfois bouleversantes seraient inexistantes ; ce serait fâcheux.
— Je sais ! Castagne. La femme est votre raison de vivre ! Vous ne cessez de l’encenser pour mieux la descendre quelques minutes après. Vous êtes un grand sentimental, mais parfois un tantinet manichéen ; vous cachez cette vertu derrière une façade de brute. Ne vous leurrez pas ! Les personnes vous connaissant ne sont pas dupes.
« L’humilité n’est souvent qu’une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres. »
— En vous entendant, La Rochefoucauld doit se retourner dans sa tombe !
Au fait ! À qui ces paroles s’adressaient-elles ?
— À nous ! Castagne. Vous n’avez pas l’apanage de l’insincérité !
— Avez-vous fumé les poils de la moquette chez le « proc » ? Ce sont des mots peu communs chez vous !
— Vous m’avez ouvert les yeux ! Commissaire. Désormais, votre ironie, vos traits d’humour, votre persiflage ne porteront plus la marque de fabrique de Castagne. Une nuit, avec Amélie, nous ne dormions pas. Nous parlâmes longuement ; je pris la décision de me rebiffer.
— Vous auriez sans doute mieux fait de lui présenter les armes ! Elle eût sans doute plus apprécié. Sur le plan psychologique, physique et intellectuel, les séances de « baise » changent radicalement la femme. Si vous êtes en panne des sens, faites-vous prescrire des petites pilules bleues. Même un eunuque peut avoir une érection ! Évidemment, la « bandaison » est un tantinet onéreuse ! Vous, dont la ladrerie est légendaire, allez certainement rechigner à les acheter. Je dois vous prévenir, chez les radins ces pilules miracles peuvent avoir l’effet inverse ; vous risquez de bander tel un foulard en soie.
Par quel bout dois-je commencer mon enquête ?
— Attendons quelques heures. Le légiste Sacha Recutt enverra son rapport. L’Identité judiciaire fera de même. Après, vous aurez carte blanche. Vu l’heure matinale de la découverte du corps, l’enquête de voisinage ne sera guère utile.
L’inspecteur Acquois va terminer ses jours de congé ! Vous pourrez vous mettre à l’ouvrage.
Près de soixante-douze heures après la découverte du cadavre, nous ne connaissons pas son identité. Ses marques de vêtements furent volontairement ôtées ; pourtant, ces fringues ne durent pas être achetées au rayon « bon marché » d’un supermarché de banlieue. En outre, cet homme ne possède aucun signe particulier. Une photo de ce garçon devrait paraître dans la presse. Espérons-le ! Une famille, un proche, un employeur se manifesteront peut-être.
Comme d’ordinaire Sacha Recutt a pondu un rapport très explicite.
« L’homme fut frappé de trois coups de couteau, tous dans la région du cœur ; les assassins ne laissèrent aucune chance à leur victime.
Sujet de type européen âgé d’une quarantaine d’années.
Cet homme fut émasculé. »
La suite du rapport est réservée aux spécialistes.
J’attends mon ami Acquois Serge. Après une semaine de repos, il dut se vider la tête. Connaissant Serge, la tête ne dut pas être seule à être vidée ! Il est allé rejoindre Vanessa à Marseille. Cette meuf est réellement une « chaudasse » de compétition. Nous rencontrâmes cette « frangine » lors d’une descente dans la cité phocéenne ! Cette aventure faillit mal tourner ; sans l’intervention d’un pote de Serge, commissaire dans cette ville corrompue jusqu’à la moelle, nous aurions pu être inquiétés.
✻ ✻ ✻ ✻
Ce matin, Serge est au bureau ; il feuillette le journal du matin.
— Alain ! Tu n’arrives pas de bonne heure au boulot ?
— C’est vrai ! Le « vieux » nous met sur une enquête ; il nous sera difficile de commencer sans avoir plus de détail sur le mort retrouvé sous la voûte d’Ainay.
— C’est près de chez toi ! Le grand commissaire Castagne a besoin de détails. Ton mort, il est en photo sur le journal ; le petit inspecteur Acquois Serge va ôter une épine de ton pied. Ce n’est pas pour te rendre service ! Je préfère l’action. Rester assis derrière un bureau ne me convient guère ; je deviens vite agressif, surtout en présence d’un vieux con comme le commissaire Castagne.
— Putain ! Tu n’es pas de bonne humeur ! Vanessa ne voulut point se faire ramoner le tunnel du mont de Vénus ?
— Il lui arriva une drôle d’histoire à Vanessa. Récemment, elle acheta un lot de strings bon marché. Tu sais ! Ce genre de petites culottes est très cher. Elle attrapa une multitude de petits boutons entre les cuisses ; elle ne supportait pas mes caresses. Fatalement, elle alla voir son médecin. Ce dernier se perd en conjecture. Il fit analyser le tissu dans un laboratoire afin de déterminer la cause de cette hypersensibilité. Ce sont des strings importés de Chine ; il sera très difficile de remonter la filière et découvrir la cause de ces allergies. Finalement, ces lots furent retirés de la vente ; d’autres femmes durent avoir le même problème.
— Les culottes ne sont peut-être pas en cause ! Si elle s’est fait caresser le divertissoire par un mec qui avait les pattes pourries.
— Dis que c’est une pute pendant que tu y es !
— Ces Chinois, ils nous les feront toutes ! L’Europe va mal avec la dette grecque, italienne, espagnole… ces pékins sont prêts à nous prêter plusieurs centaines de millions d’euros. La croissance de ce pays est simplement hallucinante ; il y a dix ans, chaque chinois n’avait qu’un bol de riz par jour ; aujourd’hui, ils nous mangent la laine sur le dos.
— C’est normal ! Si l’Europe n’achète pas leur merde ! Comment feront-ils pour écouler leur camelote ?
— Au fait ! Tu ne devais pas m’ôter une épine du pied ?
— Le « suriné » de la voûte, je l’ai rencontré l’autre soir dans un bistrot de Saint-Just. Avant d’entrer dans mon gourbi, j’allais prendre un verre au bar tout proche. Ce mec était au comptoir ; il sirotait une bière teutonne. Nous échangeâmes quelques mots. Je ne connaissais pas son eau de toilette. Il me dit : c’est un cadeau ! C’est « senteur d’anus » d’Adil de Laudorah. J’ai raqué mon demi et suis rentré chez moi. Immédiatement, je cherchais le nom de ce parfumeur sur internet. En fait, c’est un créateur indien donc, sérieux, car indien vaut mieux que deux… tu l’auras !
— Ta visite à Vanessa ne fut guère bénéfique ! Tu dis toujours autant de conneries.
Sur ce mec, tu n’as pas plus de précisions ?
— C’est déjà un point de départ ! Nous montons au troquet de la rue des Macchabées ; le taulier le connaît peut-être ! Tu me payeras un verre pour me remercier du tuyau.
— C’est parti ! Je suis un peu comme toi ! Rester dans la basse-cour me donne le noir.
À Saint-Just, Charles Atthan est derrière son bar !
— Je savais bien ! T’allais revenir… Serge.
Ce matin en regardant le « canard », je reconnus le mort ! Je dis à ma serveuse : « dans la matinée, les poulets seront là ! » Présente-moi ton patron ! J’aime bien savoir à qui j’ai à faire ! Ce doit être un mec super ! Tu parles de lui en termes élogieux !
— Arrête ton cirque ! Charles. Rancarde-nous sur ce mec.
— Je sais peu de choses ! Il passait quelquefois dans mon bar. Je connais son prénom : Silvère. Il roulait dans une BMW d’un modèle très récent gris métallisé ; toujours bien sapé, s’exprimant peu. Il devait aimer les femmes ! Dès qu’une « meuf » apparaissait sur son écran radar, ce mec était vite sur une autre planète. D’ailleurs, tu es un peu pareil ! Serge. Magali, ma serveuse peut en parler ! Tu la déshabilles du regard.
— Connais-tu le numéro d’immatriculation de la « chignole » ?
— Vous en demandez trop ! Les poulets. La plaque se terminait par TT. Le petit numéro de département était 45… le Loiret.
— Merci ! Charles.
— Au fait ! Serge. Lors d’une visite chez toi, Magali dut oublier sa petite culotte. Si tu la retrouves, tu l’apportes ; c’est un tel bordel dans ta piaule ! Autant chercher un morpion dans le pubis d’une Portugaise !
Nous remontons en voiture. Serge est tout penaud !
— Il te connaît bien le Charles ! Tu l’as sauté cette Magali ?
— Tu ne vas pas faire une immixtion dans ma vie ! Restons dans le domaine professionnel.
— Quand même ! Pour oublier sa petite culotte, elle devait être toute retournée ?
— Magali, ou la petite culotte ?
— J’ai un copain gérontologue, il ne cesse de dire : « La journée commence sous les meilleurs hospices. »
— Tu as raison d’avoir ce type de relation ; tu en auras besoin sous peu.
Tiens ! Tu as un appel téléphonique ; c’est sans doute ton gérontologue. Il t’aura réservé une place.
— Allo ! C’est Duval ! Une femme vient d’appeler le commissariat. Elle aurait reconnu l’homme assassiné. Elle habite : 24 rue Vaubecour… madame Adèle De Quoipayer.
— Merci ! Vidal.
C’est bizarre ! La voûte d’Ainay est juxtaposée à ce numéro 24 de la rue Vaubecour. On fait un saut là-bas ?
— Tu es un commissaire verni ! Ce matin, tu n’avais aucun indice et ne savais de quel côté commencer tes investigations ; sans faire le moindre effort, tu vas avoir ton mec sur un plateau.
— Ne t’enflamme pas ! Ce sont peut-être de fausses pistes. Enfin, Magali sait ou est sa petite culotte ! Les collègues vont bien se marrer quand je vais raconter cette histoire.
— Tu ne vas pas me faire cette saloperie !
— Selon tes propos corroborés par nos collègues, j’avais dragué une lesbienne ! Chacun sa merde ! En espérant qu’elle ne soit pas morte… Adèle, allons voir madame De Quoipayer.
Avant, je vais te narrer une histoire ! À l’angle de la voûte d’Ainay est une pharmacie. Sur le côté était installé un distributeur de préservatifs. Le quartier d’Ainay est connu pour son aristocratie, sa rigueur et ses « bonnes mœurs ». Ce distributeur de capotes ne plut guère à un groupe de vieilles filles ; elles allèrent à la mairie, chez le curé pour tenter de faire enlever cette chose pouvant porter atteinte à leur vertu. Tu peux l’imaginer ! Ce distributeur resta en place ! Cela provoqua le courroux de ces femmes. Un après-midi, elles arrachèrent l’appareil. L’affaire en resta là. Te rends-tu compte où va se loger la connerie humaine ?
Nous entrons 24 de la rue Vaubecour ; l’immeuble est dépourvu d’ascenseur. C’est bien ma chance ! Heureusement, cette femme n’habite pas dans les derniers étages. J’ai horreur de grimper les escaliers.
Nous sommes accueillis par une créature élégante, quadragénaire, bien foutue possédant en outre les manières des « aristos » de ce quartier sympa de Lyon. Il manquerait plus qu’elle soit intelligente, nous serions tombés sur l’exception confirmant la règle.
— J’ai appelé le commissariat ! En effet, je connaissais très bien cet homme ; durant quelques mois, nous fûmes amants.
— Êtes-vous mariée ? Madame.
— Je l’étais ! Nous divorçâmes en 2009. Ce fut une séparation à l’amiable ; nous ne ressentions plus d’envie l’un pour l’autre. La vie devenait insipide et dénuée de sens.
— Avez-vous un emploi ?
— Je suis anesthésiste au service d’urologie à HEH, service dirigé par l’éminent urologue Ovide Lavessie. Mon ex-mari est docteur à l’hôpital Desgenettes. Il aime voyager, courir le monde. De mon côté, je suis une femme plutôt casanière.
— Dans quelles conditions avez-vous rencontré cet homme ?
— Silvère représentait une grande marque de produits anesthésiants ; je l’ai connu à l’hôpital. Son élégance, sa prestance, la douceur de sa voix me subjuguèrent et tout alla très vite.
— Il vous rendait visite dans votre appartement ?
— Oui ! Je vis seule et n’ai pas d’enfants. Nous n’allions pas payer une chambre d’hôtel pour nous rencontrer !
— Votre ex-mari connaissait-il votre liaison ?
— Je ne sais pas ! Je ne vois pas ou est le problème.
— Certains hommes n’apprécient guère imaginer leur ex-épouse dans les bras d’un autre homme.
— Votre réflexion n’est pas stupide ! Nonobstant, Jean-Aymar n’est pas un homme à se casser la tête pour une broutille. Contrairement à la plupart des hommes, il n’est pas obnubilé par le sexe. Il aime faire l’amour, mais avec parcimonie. Il le dit volontiers : faire l’amour le fatigue ! Sont-ce ses origines corses qui le font réagir ainsi ? Par ailleurs, c’est un militaire respectueux de sa hiérarchie ; il ne doit pas se poser ce genre de question. C’est un bel homme ! Les femmes tombent dans ses bras telles les feuilles des arbres dès les premières gelées d’automne.
— Les assassins de cet homme amenèrent son corps quasi sous vos fenêtres ; peut-il y avoir un rapport avec votre liaison passée ? De plus, il fut émasculé. Cet homme était-il un coureur de jupons ?
— Certainement ! Il me donnait de l’amour, beaucoup d’amour. Je n’avais aucune raison d’empiéter sur sa vie.
— Connaissez-vous son patronyme ?
— Silvère Hévide. Je ne connais pas son lieu de résidence. Il était commercial pour la société : « ESTEVEC ». Anne Esthézian & Dora Vecmoit sont les fondatrices de ce très important laboratoire situé à Orléans.
Avait-il une eau de toilette personnelle ?
— Oui ! « senteur d’anus » d’Adil de Laudorah. Lors d’un colloque, j’eus l’immense plaisir de rencontrer ce créateur indien. Ce soir-là, j’étais d’ailleurs en compagnie de Silvère ; tous trois, nous passâmes une agréable soirée. Adil nous invita dans un restaurant chic de Rotterdam.
— Nous allons vous quitter.
Serge ! As-tu une question à poser à madame ?
— Ce créateur indien ! L’avez-vous revu ? Madame.
— Adil vint présenter sa collection à Lyon ; je fus invitée.
— Avez-vous entretenu une relation amoureuse avec cet homme ?
— Cela est du domaine de la vie privée ! Je ne répondrai donc pas.
— Il y a quelques années, nous menâmes une enquête concernant l’épouse d’un médecin. Cette femme fut assassinée dans sa propre maison. Ce médecin s’appelait Adil De Quoipayer ; est-il de votre famille ? Madame.
— Adil est mon frère ! Il réside toujours à Saint-Genis-Laval. Il mit quelques années pour se remettre de la mort de son épouse. Il a retrouvé une certaine sérénité, mais ne possède plus cette joie de vivre le caractérisant.
— À l’occasion, saluez-le de notre part ! Il fut longtemps soupçonné d’avoir fomenté le meurtre de sa femme ; sans le pragmatisme du commissaire Castagne, votre frère eût sans doute été mis en examen. Ce jour-là, mon patron évita le déshonneur à monsieur De Quoipayer. C’est très bien ainsi.
— La police sait parfois se montrer magnanime ! Ce n’est pas une évolution, mais une révolution.
— Comme tout être humain, nous avons un cœur, des états d’âme. Parfois, nous devons faire abstraction de nos sentiments pour exercer un métier difficile. A cet instant, j’aimerais vous faire la cour et vous serrer dans mes bras; nous verrons cela plus tard.
— Les flics se croient toujours irrésistibles ! C’est pathologique dans votre corporation ? Cela dit, en ce moment j’ai besoin d’amour, mais je dois prendre mon service en début d’après-midi.
Nous vous souhaitons une bonne journée ! Merci pour votre accueil ! Madame.
Serge ! Tu poses parfois des questions « hard ». Cette femme s’est fait « tringler » par cet indien aux senteurs d’anus. Cette affaire empeste le cul à plein nez ! Quand elle parlait d’Adil, on sentait bien ! Sa culotte était humide. Pourquoi cet homme « suriné » aurait-il été émasculé ? Ce meurtre s’inscrit dans des rites ancestraux ou la femme jurait fidélité à son homme et ne devait en aucun cas déroger à ce serment.
En revanche, ton Flash-back sur l’affaire Adil De Quoipayer fut pour moi, un vrai moment de jouissance.
Tu veux te « farcir » cette « meuf ». Tu roucoulais devant elle comme une tourterelle en chaleur devant son mâle !
— Écoute-moi bien ! Commissaire de mes deux. Cette femme me plaît. De plus, elle est chaude comme la braise. Quand l’enquête sera terminée, je viendrais la faire hurler de plaisir ! On l’entendra jusqu’à la place Carnot.
Pour en revenir au serment de fidélité du mariage ; cela n’empêche nullement d’aller tringler les femmes mariées. Il faudra bien un jour revoir les textes et les modifier en fonction des besoins. Aujourd’hui, les individus éprouvent l’envie de changer de partenaire ; chacun y trouve son équilibre. Les « experts » se lamentent de la baisse vertigineuse des mariages ; le législateur ne fit rien pour supprimer les chaînes du mariage. Pour toi, Alain, le mariage fut une réussite ! Combien de couples vivront de tels instants de félicité ?
— Serge ! Si tu commences à prononcer des paroles intelligentes à la mi-journée ; je subodore un après-midi ensoleillé. Par cette grisaille de novembre, ce rayon de soleil serait fort apprécié.
Adèle De Quoipayer te parut-elle sincère dans ses propos ?
— À mon avis ! Oui. Nonobstant, n’étant pas omniscient, j’émettrai quelques réserves. Elle paraissait sûre d’elle ; à aucun instant, nos questions ne la troublèrent. La vie m’apprit à me méfier des femmes ; sous leur apparente douceur, elle peut parfois cacher une certaine violence. Certes ! Chez Adèle, je n’ai pas décelé une volonté sous-jacente de nuire à l’établissement de la vérité.
— C’est une bonne analyse ! Demain, nous irons rendre visite dans ce laboratoire orléanais « ESTEVEC ». Nous pourrons nous imprégner de cette « boîte » ; peut-être aurons-nous tous les renseignements sur ce Silvère Héplein.
— Vide ! Silvère Hévide. Pour toi, tu préférerais Héplein. Quand il s’agit de boire un verre, Castagne est toujours partant.
— Tu ne payes jamais de tournée ! Je ne crains pas de rentrer « bourré » à la maison. D’ailleurs, depuis quelques mois, nous n’avons pas fait de « javas ». Quand je pense au patron de la police lyonnaise mis en taule pour corruption, détournement de stupéfiants, faux et usage de faux. Ces mecs ne payaient jamais les restaurants dans lesquels ils « bâfraient ». Nous devrions essayer ; notre salaire serait vite augmenté.
— Ne dit pas de bêtises ! Avant d’entrer dans la police, ces mecs sont déjà atteints par la moisissure ; les gens du milieu le sentent ! Ils allongent la « caillasse » ; ces « blaireaux » de flics véreux tombent dans le panneau et sont pendus par les couilles. Au début, c’est drôle ! Les femmes, les voitures de luxe, les vacances à Saint-Domingue, sans dépenser un euro. Un jour, le flic se fait sodomiser sans douleur et se retrouve en taule. C’est un remake de l’arroseur arrosé ! Si on joue la moindre fausse note, nous avons ces chacals de l’IGPN sur le râble ; l’autre, il brassait des millions d’euros en toute quiétude.
— Tu le penses réellement ! Les « boeufs-carottes en croquent aussi ?
— Je ne sais pas ! Parfois, il vaut mieux ne pas chercher à comprendre ce monde de merde dans lequel nous évoluons. On parle du patron de la police ! Il est en permanence sous les feux de la rampe. Depuis des décennies, l’histoire policière lyonnaise fut marquée par des hommes corrompus, pourris jusqu’à l’os. La peine de mort devrait être en vigueur ; cela permettrait d’éradiquer toutes ces merdes puantes qui salissent l’image de notre métier.
En tout cas, Aubert Gine ne « plongera » jamais pour corruption. Un type intègre comme lui est en voie de disparition.
— Cet après-midi, nous irons voir l’ex-mari d’Adèle. Certes, la plupart du temps, les militaires sont de sales cons. Parfois, nous avons la chance de tomber sur un mec normal ; c’est comme les perles dans les huîtres, c’est rare, mais ça existe.
Tu connais le comble de l’optimisme ? C’est aller manger dans un grand restaurant en comptant sur la perle trouvée dans l’huître pour payer l'addition.
— Tu disais à l’instant ! Nous allons rendre visite à l’ex-mari d’Adèle De Quoipayer. Pour quelle raison irions-nous voir cet homme ? Connaissait-il la relation entre son ex-épouse et Silvère Hévide ? Est-il nécessaire de remuer la merde ? Ce sont autant de questions élémentaires.
— Tu as tout à fait raison ! Je souhaite rencontrer cet homme pour une raison précise ! Quelle opinion a-t-il de son ex-épouse ? C’est intéressant de la connaître. Adèle n’avait apparemment aucun grief contre son ex-mari. Je voudrais simplement connaître l’avis de ce monsieur. Si Adèle est réellement une « chaudasse », il va nous le dire. Dans son élan, il risque de glisser quelques informations croustillantes sur son ex-compagne. Nous sommes à l’écoute de la moindre information ; cela nous permet d’avancer. Ce matin, nous ne connaissions rien sur ce Silvère ; en une demi-journée, nous avons fait un grand pas. D’autre part, je dois t’avouer une chose ! Je n’ai aucune envie de me « casser le cul » cet après-midi. Faire parler un mec de la « grande muette » sera un moment de pure jouissance.
— Parfois, je me pose la question à ton sujet ! Cet homme a-t-il toutes ses facultés ?
— Mon pauvre Serge ! Nous sommes des êtres humains ! Point final.
cadavre sans gland ou le mystère de la voûte d'Ainay